Enjeux et avenir de l'Europe

Formation (2 jours) - Jean-Pierre Quentin

A quoi sert l'Europe ? Que fait-elle ? Pourquoi ? Comment ? On lui reproche de ne servir à rien ou de ne rien faire - et parallèlement, on la rend responsable de tout ce qui ne va pas : qu'en est-il au juste ? Depuis des décennies, on ne parle que de ses crises, on annonce son éclatement ou sa dissolution. Où va-t-elle ? Quelles sont ses perspectives d'avenir, en référence à quels enjeux ?

Répartition du programme en 4 demi-journées :

1 - Paradoxes et ambiguïtés de la construction européenne (J1 matin)

2 - Etat des lieux : l'Europe est une réalité au quotidien, mais on ne le sait pas…
(J1 après-midi)

3 - Tendances : l'Europe, bien que mal aimée, devra nécessairement se renforcer
(J2 matin)

4 - Que faire : choisir entre petite Europe homogène et grande Europe diluée ?
(J2 après-midi)

1 - Paradoxes et ambiguïtés de la construction européenne

A la fois inachevée et inébranlable, l'Europe est accusée de tout et de son contraire : ne pas en faire assez et en faire trop, ne pas intervenir et tout régenter, etc. Ses modes de fonctionnement et son activité étant mal connus du public, un peu de mauvaise foi suffit pour en faire un bouc émissaire à tout propos. C'est facile, quitte à renforcer l'ignorance, donc le désamour. A cela s'ajoutent d'autres malentendus, ainsi que des exigences contradictoires, qui justifient quelques décryptages…

Conçue pour mettre fin aux guerres, l'Europe a tellement bien réussi que beaucoup se demandent à quoi elle sert aujourd'hui. La question ne manque pas de sens. Que répondent les dirigeants ?...
Ni Etat ni organisation internationale classique, dotée d'institutions atypiques, l'Union Européenne semble inclassable, avec des caractéristiques contradictoires, entre démocratie méta-nationale (Parlement élu par les citoyens) et Concert des Nations (négociations intergouvernementales). Rapide aperçu de la mécanique institutionnelle et des jeux de pouvoir...
Comment élargir l'UE sans affecter l'achèvement des politiques engagées ni l'approfondissement (nouvelles compétences) ? C'est une des problématiques constantes ayant trouvé au fil du temps des expressions diverses et des réponses variées…

2 - Etat des lieux : l'Europe est une réalité au quotidien, mais on ne le sait pas…

De quoi s'occupe-t-elle, de quelle façon, quelles conséquences pratiques ? Un tour d'horizon s'impose. De plus, au-delà des domaines de compétences qui lui sont attribués, l'UE contribue à façonner de nouvelles approches de la vie politique, économique, sociale, juridique, institutionnelle…

Champs de compétences : un inventaire à la Prévert…
Le droit européen, ses déclinaisons, sa mise en œuvre : des impacts discrets mais profonds…
Le budget, ses modes de financement, ses affectations, les tractations avant son adoption : un ensemble d'indicateurs sur l'état de l'Union…
Projets européens et processus partenariaux : une machine à coopérer et à faire coopérer…
Un nouveau mode de relation avec la société civile et les administrations nationales…

3 - Tendances : l'Europe, bien que mal aimée, devra nécessairement se renforcer

Mal aimée des Etats, qui savent qu'elle seule peut résoudre des problèmes qui les dépassent, mais refusent de lui passer la main ; mal aimée des peuples, qui la trouvent distante et incompréhensible, un sentiment qu'elle-même renforce par ses réponses maladroites - et pourtant, on a trop besoin d'elle pour pouvoir s'en passer…

Sécurité, défense, police, justice… Jusqu'où ira le transfert de fonctions régaliennes à l'échelon européen ? Quelles conséquences pour les administrations nationales, qui resteront chargées de leur mise en œuvre ?
Environnement, transition énergétique, aménagement du territoire, soutien à l'industrie, etc. Même le Parlement français travaille sur le déploiement de services publics européens, qui lui aussi soulève des questions sur ses impacts au plan national…
Quelles nouvelles régulations au plan mondial : après celui des Etats-Unis, un nouveau leadership (asiatique ?)… ou un changement de donne, par exemple un partnership à l'européenne ?
De tels chantiers requièrent beaucoup de méthode (ce n'est pas un problème, l'Europe a connu pire !) et une vision, un projet partagé (dont l'absence explique aussi le désamour des Européens). Où en sont nos dirigeants dans l'élaboration d'un tel dessein ?...

4 - Que faire : choisir entre petite Europe homogène et grande Europe diluée ?

La Communauté européenne a été fondée par 6 Etats assez semblables, l'Union en compte désormais 28 très différents - et ce n'est pas fini. Faut-il en conclure qu'on s'oriente plutôt vers une sorte d'ONU régionale que vers des Etats-Unis d'Europe ? Ce n'est pas si simple…

Outre les réponses données dans le passé au dilemme élargissement/renforcement, diverses solutions ont été envisagées : Europe à la carte, à différentes vitesses, à géométrie variable, coopérations renforcées…
Certaines de ces solutions ont été expérimentées, plusieurs d'entre elles sont actuellement en vigueur. Quels enseignements en tirer ?...
En réalité, les termes du choix sont différents…

Jean-Pierre Quentin : Docteur en Droit européen, consultant et enseignant. Précédemment chef de services à la Commission européenne ; directeur de la communication, secrétaire général de l'Institut de l'Entreprise ; directeur du cabinet du président du CNPF ; administrateur d'associations. Auteur de nombreux livres et articles. Voir aussi > www.algoric.com/jpq

Illustration de titre : Pablo Picasso, Le Rapt d'Europe, Estampe, 1933

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